Mutanabbî (915-965) occupe une place unique et souveraine dans la tradition poétique arabe. Pendant plus de dix siècles, du Maroc jusqu´aux Indes, son diwan à été appris, glosé, discuté, émulé avec une ferveur qui tient du prodige. Pourtant, l´oeuvre n´a pas inspiré d´exégèse digne de sa valeur, et ce malgré l´attention soutenue que lui ont portée les analystes arabes et les orientalistes. Si l´on fait fi des acclamations dénuées d´appréciation critique, on ne trouve pour le reste que des examens réfléchis mais défavorables, bien incapables en tout cas d´expliquer le sacre du poète et l´enthousiasme qu´il suscite. À l´encontre des lectures contemporaines qui ne voient dans le diwan de Mutanabbî qu´un jeu de langage, le présent essai s´emploie à démontrer que l´oeuvre constitue une manière d´épopée autobiographique dont l´ambition était de reformuler le sens intime de l´islam. L´analyse rigoureusement adhérente au texte permet de révéler une pensée déconcertante, qui brise les filiations convenues et conduit aux rapprochements les plus inattendus. En arrière-fond de cette pensée se tient une conception puissante et singulière de la foi. En nous apprenant à lire différemment Mutanabbî, le présent ouvrage nous donne à entendre ce que pense de l´islam le poète qui fut consacré par l´histoire arabe elle-même comme le plus grand.
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