Amkoullel l´enfant peul, maintenant âgé de vingt-deux ans, entame dans ce deuxième volume de Mémoires sa carrière de jeune fonctionnaire de l´administration coloniale en Haute-Volta (Burkina-Faso). Après un long voyage au cours duquel il commence à noter tous les récits oraux dont il deviendra le dépositaire, le jeune homme un peu naïf du début se marie, fonde une famille, et devient peu à peu, à travers mille aventures cocasses, émouvantes ou dramatiques, un homme sage capable de porter sur le monde qui l´entourait un regard à la fois perspicace, subtil et rigoureux. Mais c´est la formidable énergie de ce récit qui frappe le plus : par-delà son caractère autobiographique, c´est un vaste tableau, fascinant et vivant, de l´Afrique coloniale de cette époque qu´il nous offre. On se délecte des anecdotes rapportées avec cette verve et cet humour inimitable dont l´auteur à le secret, on savoure l´extraordinaire galerie de portraits de chefs coloniaux aux surnoms évocateurs - les commandants Porte-baobab, Diable boiteux ou Boule d´épines - croqués avec lucidité et tendresse à la fois... et l´on en apprend plus que dans bien des traités. Au fil du récit se dessine une évolution spirituelle qui trouve son accomplissement à la fin de l´ouvrage, en 1933, lorsque l´auteur, de retour au Mali, reçoit de son maître spirituel Tierno Bokar les enseignements d´amour et de tolérance qui, dit-il, vont féconder le reste de sa vie.
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