Hazar, journaliste syrienne née d'une mère chrétienne et d'un père musulman raconte les circonstances dans lesquelles elle à été amenée à quitter Damas pour Paris. Évoquant tour à tour son passé, sa famille, ses amis et son présent d'exilée, les chapitres très courts de ce récit écrit à la première personne sont comme les pensées d'un esprit qui vagabonde à la recherche de réponses. Par touches successives, ils dessinent l'image d'une femme qui se bat pour rester libre. Qui tente de comprendre comment se construit une individualité, notion si étrangère, prétend-on, à la culture arabe où le " je " est effacé au profit du " nous ". Refusant le déterminisme des origines, elle revendique sa liberté. Liberté de partir et de ne pas revenir, liberté de choisir sa vie sans accepter ce qu'impose l'appartenance à un pays, une société, une religion. Mais aussi liberté de disposer de son corps, de se déplacer, de voyager, d'écrire.Les révolutions qui secouent le monde arabe réveillent plus profondément encore les questions que la narratrice se pose et qui dépassent le simple champ politique. Le dernier chapitre, ajouté après la révolution tunisienne et intitulé " Arab is beautiful ", conclut en se demandant si les révolutions ne sont pas nées pour nous obliger à changer la trajectoire, à nous interroger sur la loi du retour et à écrire notre " histoire originelle ".Cette presqu'île arabe, à la faveur d'un jeu de mots hautement politique, désigne un lieu géographique, le berceau de la culture arabo-musulmane, mais elle est surtout un espace entre-deux, caractéristique du livre de Salwa Al Neimi, de la narratrice, de sa culture et de sa langue.
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