Psychologie d'Ibn Sina (Avicenne) d'après son oeuvre aš Šifāʼ

Parmi les écrits du brillant savant, philosophe et écrivain Avicenne (de son nom arabe Abn ´Ali al-Husayn b. ´Abd Allah Ibn Sîna, né en 980 à Mana, près de Bohara et morten 1037 à Hamadan), le sixième livre de son grand ouvrage As-Sifa´ (La Guérison), traitant de la psychologie, se signale par son importance. C´est ce livre qui fait l´objet de nos recherches. Dans l´antiquité grecque de même que pendant tout le Moyen age, en Asie aussi bien qu´en Europe, la psychologie avait peut-être été, dans le large cadre de la philosophie et des sciences naturelles, la plus importante branche scientifique, puisque les questions qu´elle abordait s´étendaient à tous les phénomènes de la vie, mais surtout aux problèmes de la connaissance sensible et intellectuelle ainsi qu´aux problèmes de l´union de l´ame avec le corps, par là, la psychologie rentrait dans le domaine des anciennes sciences naturelles. Cette richesse de problèmes apparaît aussi dans la psychologie d´Avicenne, dont nous nous occupons ici, et qui s´appuie, au point de vue scientifique, sur la psychologie d´Aristote et des Péripatéticiens, ainsi que sur la doctrine de l´ame et du corps professée par les anciens médecins-philosophes grecs. C´est pourquoi la psychologie du Moyen age européen se trouva sous une si grande emprise de la psychologie d´Avicenne. Notre publication permettra d´établir l´influence de cette psychologie d´Avicenne jusque sur la psychologie des grands scolastiques européens. Le fait qu´Avicenne dépende d´Aristote et des Péripatéticiens ainsi que de la philosophie médicale grecque et des sciences naturelles post-aristotéliciennes, est prouvé, pour ce qui est des questions essentielles, dans notre commentaire donné sous forme de notes à la traduction, dans la partie du Sifa´, consacrée à la psychologie, on ne trouve guère de traces de quelque importance, de la psychologie de Platon ou des Néo-platoniciens, exception faite toutefois des passages où Avicenne polémise avec ceux-ci. Il pourrait sembler à première vue que, dans quelques endroits, Avicenne incline à la doctrine de ces philosophes, notamment dans la théorie de l´Intellect, cependant, même là, la pensée et les doctrines d´Avicenne ont, à la vérité, leur point de départ dans Aristote.