Le roman de la Sainteté au Maroc des XIème, XIIème et XIIIème siècles : voici le plus célèbre des ouvrages hagiographiques du Maroc médiéval, qui rassemble 277 notices biographiques sur les saints personnages de cette période, dominés par les grandes figures d´Abû Madyan (patron de Tlemcen), Abû Kazza (Moulay Bouazza) et leurs pairs. L´histoire au sens habituel n´est ici qu´un arrière plan très flou : la victoire d´Alarcos est à peine citée... On est dans un autre système de valeurs : celui de la quête de Dieu, au pays des citoyens du ciel, retirés du monde, voués au jeûne et à la prière. Et l´on y voit souvent le prince demander conseil à l´ermite, l´homme d´épée aux pieds de l´homme de Dieu. En réaction contre cette époque de violences militaires, de luttes intestines, de relachement des moeurs, l´ascétisme fleurit alors comme une solennelle protestation. Sans doute l´auteur veut-il en même temps démontrer que l´Orient n´a pas l´apanage de la spiritualité, et que le Maroc lui aussi à fourni des saints à la Communauté musulmane. Cette grande fresque mystique est riche de renseignements sur cette période, et constitue un apport précieux pour l´histoire culturelle et sociale du Maroc. Connu et cité depuis toujours, Al Tachawwuf (Regard sur le Temps des Soufis) à été édité par la Faculté des Lettres de Rabat en 1958 puis en 1984. Cette traduction française est la première jamais publiée.
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