Attâr, Jâmî, Ibn Arabî et une quarantaine d'autres illustres soufis sont les principales sources de cette anthologie établie par le grand poète et intellectuel afghan Sayd Bahodine Majrouh, un an avant son assassinat en 1988. Les dévots, explique Majrouh, considèrent volontiers le rire comme une manifestation dangereuse, perverse et même diabolique. Pourtant, la plupart des grands soufis ont connu les vertus du rire. Leur humour possède une double fonction : à l'égard des hommes, il est un fluide spirituel, il fait « passer le courant » de la sagesse et de l'humilité ; à l'égard du divin, il se révèle un canal supérieur de communication. À l'heure où les rieurs sont haïs par certains musulmans qui ne connaissent pas leur tradition, cette anthologie est la preuve que le sourire, le décalage, voire la dérision sont partie intégrante de la civilisation islamique : dans le monde des soufis, le rire, le paradoxe qui bouscule le « religieusement correct », ont toujours été l'une des voies légitimes d'approche du divin.
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