"Une lumière chétive qui ne dévoile rien", titre de l'une des nouvelles de ce recueil, définit parfaitement l'art délicat du grand auteur égyptien qu'était Mohammed El Bisatie. Tout, êtres et choses, y baigne dans une lueur crépusculaire, toutes les joies et toutes les peines du jour sont comme suspendues en attendant la tombée de la nuit. Mais en prétendant ne rien dévoiler, El Bisatie est celui qui sonde le mieux les coeurs des petites gens de son pays, et notamment les marginaux, hommes et femmes, paysans et citadins, en choisissant chaque mot avec parcimonie, sans jamais hausser le ton, ni nous imposer ou même nous suggérer ce que nous devons penser. Ses nouvelles sont le plus souvent courtes, ramassées sur l'essentiel, ne dépassant que très rarement les cinq pages. On à l'impression qu'il ne s'y passe rien quand on les lit d'un seul trait, mais le lecteur attentif s'aperçoit qu'elles fourmillent d'événements et de notations furtives dont on ne comprend le sens qu'à la chute. Cette anthologie, composée par l'auteur lui-même avant sa mort, retrace son itinéraire dans l'art difficile de la nouvelle pendant une quarantaine d'années. Ils raviront les happy few qui ont lu et relu La Clameur du lac, Derrière les arbres ou La Faim.
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