Candidate à l´Union européenne en ce début du XXIe siècle, la Turquie suscite la crainte et souvent un rejet violent en Europe occidentale. Ce n´est pas nouveau. Déjà, au début du XVIe siècle, alors que leurs ancêtres ottomans occupaient Budapest et un tiers de l´Europe, la puissance militaire des Turcs, leur mode de vie et leur religion inspiraient la terreur chez de nombreux Européens. Quelques savants, voyageurs et diplomates, dont Auger Ghiselin de Busbecq, contribuèrent à cette époque à modifier sensiblement l´image des Turcs. Né en 1521 au cœur de la Flandre, alors la région la plus riche du monde, Busbecq parvient, grace à ses dons multiples, à représenter pendant huit années à Constantinople l´Empire des Habsbourg auprès de Soliman le Magnifique. Au-delà de ses talents de diplomate, Busbecq à retenu l´attention des historiens de toute l´Europe par sa description aussi fine et originale qu´amusante de la société ottomane alors à son apogée. La discipline, la propreté, le sens de la solidarité et, surtout, la priorité donnée au mérite sur la naissance sont quelques-unes des qualités turques auxquelles Busbecq rend d´autant plus volontiers hommage qu´elles sont alors presque inconnues en Europe occidentale. Rédigée dans un latin qui lui vaut l´admiration des meilleurs spécialistes de la langue de Cicéron, l´œuvre de Busbecq est un témoignage incomparable sur une période charnière de l´histoire de l´Europe marquée par la Renaissance, la découverte du Nouveau Monde, la Réforme et les ambitions ottomanes. Longtemps en poste au Proche-Orient comme journaliste pour l´AFP, Ignace Dalle, natif de Comines comme Busbecq, à pu mesurer le poids de l´Empire ottoman dans l´histoire de cette région. Le destin exceptionnel du plus glorieux de ses concitoyens ne pouvait donc le laisser indifférent.
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