En eux se rejoignaient Athènes et Jérusalem, le génie grec et le génie sémitique réconciliés. Grace à eux, l´héritage antique s´est perpétué, transfigurant la culture des conquérants arabes. Plus tard, s´étant mis à l´école de l´Europe, ils ont apporté à l´Orient l´esprit de modernité: l´individu libéré de la famille et du groupe, l´Etat émancipé de la religion, la connaissance affranchie des livres saints. Mais l´islam ne peut accepter que la domination des croyants soit niée par la réussite trop éclatante de ceux qui ne partagent pas ses valeurs. Tout en s´appropriant l´héritage des chrétiens, il les à enfermés dans le statut de minorité ´ protégée ´, c´est-à-dire dépourvue de droits et livrée à la religion dominante. Quant au nationalisme arabe laïc, loin d´ouvrir aux chrétiens la voie de l´intégration, il à ajouté de nouvelles discriminations - d´ordre ethnique et culturel - à l´ancienne ségrégation religieuse qui n´a d´ailleurs jamais cessé d´être. Y aura-t-il encore des chrétiens en Orient au troisième millénaire? Sans doute, mais ils auront cessé d compter. Sans le point d´appui qu´était le Liban où ils marchaient la tête haute, ils ne pourront que se modeler sur les valeurs dominantes et cesser, pour survivre, de s´assumer comme chrétiens. L´un des combats les plus longs de l´Histoire est bien près d´être perdu. Le Moyen-Orient, dont la fortune fut toujours liée au brassage fructueux des religions et des peuples, aura-t-il demain le visage de l´uniformité? Il est possible qu´après avoir été, voici deux millénaires, le centre du monde il ne se trouve finalement stérilisé. Agrégé d´histoire, diplomate, l´auteur à vécu au Moyen-Orient.
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