"Paul Morand, qui l´admirait, fait de William Seabrook (1886-1945) une sorte de Cendrars américain.Ce qui est sûr, c´est que globetrotter enragé avait du style, et même de la patte (pour parler comme le manchot qu´on vient de dire). Plusieurs de ses lires sont sans doute à relire, mais d´abord ce sidérant Yakouba (publié par Gallimard en 1936) où se retrouve un peu la même odeur d´Afrique sauvage qui enchanta naguère les lecteurs de La Mémoire du fleuve de Christian Dedet. Dans l´un et l´autre cas, au reste, le héros de l´histoire se trouve être un personnage parfaitement réel - mais aussi, mais surtout un aventurier de la grande espèce, et d´une étoffe comme il ne s´en fait plus.Car le "" Moine Blanc "", l´invraisemblable Yakouba - de son vrai nom Auguste Dupuis - rentré dans les ordres missionnaires pour vocation sincère, à bel et bien existé. Défroqué par vocation non moins sincère, cet esprit érudit et tolérant, fantasque à ses heures, aima l´Afrique comme aucun autre peut être, et l´explora avec passion. Grand liseur de vieux livres, linguiste à sa façon, grand fornicateur et grand buveur sous le ciel, ce sage qui n´aimait rien tant que le risque "" régna "" sur Tombouctou au tournant du siècle : avant que la colonisation ne vînt faire dans les parages sa triste besogne.Sa vie, faut-il le dire, se lit comme un roman."
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